Claudine Roger - Office 2000 (in French)
Essay for the exhibition «Office 2000», Centre VU, Québec, 2005
OFFICE 2000
La réflexion sur la relation entre la technologie et la société est au cœur même des préoccupations artistiques de Thomas Kneubühler. Dans ses travaux antérieurs dévoilant des personnages aux regards se perdant hors du champ de l’image, absorbés par leurs écrans d’ordinateur (Absence, 2001), des aéroports comme lieux de transit standardisés (Zone, 2002), on constatait déjà chez lui un intérêt marqué pour la notion d’« espaces artificiels ». Kneubühler circonscrit des espaces fabriqués, génériques qui s’apparentent à des espaces virtuels où tout serait artificiellement remodelé et notre façon d’expérimenter ces espaces, soit par la distance, la profondeur, la hauteur, complètement transformée.
Avec cette nouvelle série intitulée Office 2000, en référence aux édifices à bureaux mais également au programme informatique, le regard de l’artiste s’infiltre dans des lieux de pouvoir, ultra-protégés et inaccessibles au public. Il s’attarde à capte, lors de ses déambulations nocturnes et selon différents points de vue, des édifices désertés pour ainsi en révéler les secrets. Ici chaque fenêtre, chaque détail soumis à une vue surplombante devient une image en soi, divulguant une histoire enfermée dans une convention architecturale. L’absence, ou presque, de toute présence humaine exprime une certaine ambiguïté et rend visibles nos comportements et nos façons particulières d’habiter ces lieux où nous travaillons. Ces images de volumes, accompagnés d’effets de profondeur et de multiples reflets, nous apportent une vision inédite de la ville. En modifiant la perception habituelle que nous avons d’elle et en nous la présentant comme à distance, ces images retiennent notre œil et nous transforment subtilement en voyeurs; une fois notre regard habitué à l’obscurité, nous nous laissons aller à la contemplation.